Chrysalide - Extrait

80 1 - S. En ce jour de pluie, je me retrouve dans cette pièce bleue, pâlie par le temps. Bien que triste, je commence à ressentir une certaine familiarité qui ne m’est pas désagréable. Moi, dans cette pièce terne, j’apporte de la couleur. Sous mes pieds, le sol est gris, oppressé par ces poids qui le piétinent. Les murs aussi, que personne ne regarde jamais, et auxquels on n’accorde aucune importance. L’homme en face demoi me regarde avec insistance. Ça me gêne. Je jette un regard dans le miroir pour vérifier. Si les yeux des autres ne se posaient pas sur nous et ne nous atteignaient pas, pourrions-nous exister, sans être vus ?… me dis-je. On sait exactement où sont les yeux qui se posent, quelle est leur intention et quel est leur fil rouge. On ouvre la porte, un patient sort, je me lève, de l’apaisement et de la joie m’envahissent, alors d’un pas décidé j’avance vers ma confidente. —Ah ! Bonjour docteur ! —Bonjour Solange ! Elle est toujours resplendissante, sa silhouette élancée, ses belles mains chargées de bagues. De la sérénité émane de sa personne. Blonde aux yeux bleu profond, le visage sec, mais les traits détendus laissant paraître une infinie tendresseme rassurent

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